Charles Baudelaire - (1821-1867)


Le Chat

Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant,
Quand il miaule, on l'entend à peine,

Tant son timbre est tendre et discret;
Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
C'est là son charme et son secret.

Cette voix qui perle et qui filtre
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit comme un philtre.

Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n'a pas besoin de mots.

Non, il n'est pas d'archet qui morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,

Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu'harmonieux!

Kot


"Le Chat" - przekład

W głowie mej zadomowiony
Rezydent jest nader łagodny
Kot piękny, mocny i czarowny.
Miauczy, a ledwo słodkie tony

Słychać subtelnie brzmiące.
Gdy głos ucicha czy wzbiera
Te same rozkosze zawiera
Sekretny urok ślące.

Ten głos się perliście wsącza,
Radością dogłębnie przenika
Wypełnia mnie jak wiersz rozliczny
W mej duszy ciemnych chodnikach.

Usypia cierpienia okrutne
I zawiera ma wszystkie ekstazy.
By długie wypowiedzieć frazy
Bez słów obywa się sprytnie.

Nie, to nie narzędzie tortury
Dręczące me serce wytrawnie
I zmuszające je wszechwładnie
Do śpiewu jego dźwięcznej natury,

Lecz to twój głos, kocie tajemny,
Kocie seraficzny, kocie przedziwny,
W którym wszystko tak jest harmonijne
I jak w aniele subtelne.
(tłumaczył Tomasz Gil 2000)


Le Serpent qui Danse

Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme étoffe vacillante,
Miroiter la peau!

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde,
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L'or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon coeur!